Je réponds à Madame Captain

Aujourd'hui, je voudrais répondre à un article de Madame Captain : le narcissisme et la parentalité.

Je vais répondre paragraphe par paragraphe parce qu'il y a plein de choses intéressantes à dire je trouve. C'est parti.

Évidemment, je vais parler de la parentalité BPR (bienveillante, positive, respectueuse) Tu le sais, le dogme de la parentalité positive / l’accompagnement respectueux / l’éducation consciente, j’en suis sortie en y laissant quelques plumes (des miennes, de mon homme, de mon grand). Et plus je vois des mamans sur les réseaux sociaux défendre becs et ongles le dogme, plus je m’interroge sur pourquoi toute une génération de parents tient absolument à réussir à ce point à être “”bienveillantes”” au prix parfois de leur propre santé mentale ?

Je ne suis pas d'accord avec l'expression « toute une génération de parents » parce que la parentalité BPR même si elle fait parler d'elle n'est pas la parentalité de toute la génération de parents actuels, loin de là. Ça pourrait ressembler à un détail mais je ne crois pas que ça en soit un : ça participe au fait que les parents BPR se sentent souvent seuls dans leur vie quotidienne et cela les pousse souvent malheureusement à se mettre dans une position de lutte, de militantisme, de volonté de convaincre. Ce qui diminue les chances qu'ils prennent du recul sur certaines choses.

« Réussir à être bienveillant au prix parfois de leur propre santé mentale ». Je trouve la question excellente et bien posée. Réussir … au prix de …

Au prix de quoi je fais ça ?

C'est une question que souvent les parents ne se posent pas au début, ou plutôt une question que les discours militants, marketings ou passionnés ne leur permettent pas de se poser. Ben oui, il s'agit quand même de ne pas être violent avec ton enfant, tu ne vas pas te demander quel est le prix à payer ! Ça serait indécent.

Et pourtant, c'est une question essentielle, existentielle, vitale même je dirais. Parce que si tu veux réussir quelque chose à tout prix, tu prends le risque de t'interdire de voir que ce que tu fais ne marche pas du tout, que ça empire de jour en jour, que ça rend tout le monde malheureux.

Je crois qu'aucun objectif ne doit être poursuivi « à tout prix ». Même rester en vie ne se fait pas « à tout prix », c'est la notion « d'acharnement thérapeutique ». Bien sur, les limites de l'acharnement thérapeutique sont subjectives, et souvent douloureuses à regarder et chacun devrait décider pour lui même. Mais on accepte couramment qu'il peut y avoir des limites à vouloir rester en vie, que rester en vie « à tout prix » n'a plus de sens à un moment donné.

On pourrait de la même façon définir un « acharnement éducatif », un moment où l'objectif louable et compréhensible n'a plus de sens en réalité, face à ce qui se passe en réalité, face à la douleur de toute la famille.

Je vous invite vraiment à vous poser la question quand vous vous sentez mal ou dans un impasse :

« Quel prix suis je prête à payer pour ce noble objectif là ? A partir de quand moi, mon enfant, ma famille payons un trop lourd tribu ? ».

La peur du rejet ?

S’il y a une constante sur les réseaux sociaux qui portent cette mouvance parentale, c’est de dire que les phases d’opposition n’existent pas.


Je n'aurais pas dit ça. Pour moi la constante est plutôt de chercher la violence éducative cachée et d'essayer de l'éviter. Ceci dit, je suis d'accord qu'il est très fréquent de lire que les phases d'opposition n'existent pas, certains les renomment « phase d'affirmation » d'autres affirment qu'il n'y a pas de phases du tout.

Pas de Terrible Two, pas de Fuckin Four, pas même de crise d’adolescence ! Avouez que ça fait rêver quand on vous annonce ça !

Oui ça fait rêver ! Et c'est un problème que ça fasse rêver et surtout que ça fasse croire que ce rêve est possible. Car ça met dans la tête des objectifs irréalistes. Phases ou pas phases, il est totalement irréaliste de penser qu'un enfant ne va jamais s'opposer, s'affirmer, entrer dans des luttes de pouvoir. Même si vous êtes un parent parfaitement BPR, même si vous appliquez la méthode de machin ou la surtout non-méthode de truc.

Quid de la maturation du cerveau, du développement psycho-affectif et des acquisitions sociales des enfants et ados. Mais non, écoutez, on vous dit que quand on est bienveillant/respectueux avec les enfants, ils ne s’opposent pas. Ne cherchez pas !


Mais oui si on vous le dit enfin ! Regardez mon enfant à moi, il ne s'oppose pas du tout, alors si le tien s'oppose c'est parce que tu n'es pas vraiment bienveillant/respectueux ! Tu veux vraiment l'être au fond de ton cœur et tu fais de ton mieux ? Oui mais tu ne l'es pas vraiment ! Soit parce que tu n'as pas guéri ton enfant intérieur soit parce que inconsciemment tu veux garder le pouvoir soit parce que tu n'as pas abandonné toutes les VEO, toutes, toutes, toutes, toujours et tout le temps !

C'est vrai qu'on entend et qu'on lit ce genre de chose. Et que c'est un sacré problème qui fait souffrir beaucoup de parents et d'enfants aussi, mais même si seuls les parents souffraient ce serait un grave problème, les parents sont aussi des personnes, qui méritent tout autant que les enfants de vivre une vie sans violence, même auto-infligée avec des bonnes intentions.

Mais pourquoi les phases d’oppositions font tant peur au sein de cette doctrine ? Qu’est qui effraie les parents (et les accompagnantEs à la parentalité sans une seule année en fac de psycho au compteur pour la plupart) quant à ces phases du développement de l’enfant et de l’individu ? L’enfant est une personne comme une autre, nous rabâche-t-on à longueur du dogme décliné sous différente doctrine, mais on lui nie pourtant le droit à s’opposer en niant l’existence de ces périodes d’opposition.


Très bonnes questions encore une fois, j'y reviens après.

Je veux ici relever un autre point : je comprends très bien pourquoi Madame Captain écrit : «  mais on lui nie pourtant le droit à s’opposer en niant l’existence de ces périodes d’opposition. » et je suis plutôt d'accord mais il me semble qu'elle rate ici un point important qui fait souffrir les parents.

C'est une injonction paradoxale très forte : d'un coté on dit que si l'enfant s'oppose c'est que les parents ne sont/font pas assez (pas assez BPR, pas assez « guéri à l'intérieur d'eux même », pas assez convaincus, pas assez … bref pas assez) et de l'autre on dit que si un enfant ne manifeste jamais son désaccord c'est hyper suspect de soumission (et donc c'est mal !). Donc ton enfant ne doit pas s'opposer (sinon ça veut dire qu'il se rebelle et donc que tu le violentes) mais ton enfant doit souvent ne pas être d'accord et l'exprimer (sinon ça veut dire qu'il se soumet et donc que tu le violentes).

Génial hein ? Ne venez pas me dire que c'est une histoire d'équilibre … Je suis bien sur d'accord avec ça, mais pour pouvoir chercher un équilibre, il faut s'y sentir autorisé et cette injonction paradoxale de « il ne doit pas s'opposer tout en s'opposant » n'autorise rien. Sauf la souffrance infinie. Ne me dites pas non plus qu'il suffit que l'enfant exprime son désaccord en mode CNV, qu'on peut exprimer son désaccord sans violence, etc … sérieusement vous pensez réaliste d'attendre d'un enfant de 3 ans qu'il sache mieux gérer ses émotions et ses désaccords qu'un adulte ?


Le parent bienveillant, positif, respectueux (appelons le parent BPR) serait-il trop fragile et sensible pour que son petit (et moins petit) le rejette transitoirement à différent stade de son développement ?


Revenons donc à ces questions : pourquoi les phases d'opposition font peur ? Pourquoi faut il qu'elles n'existent pas ?

A mon avis, pour plusieurs raisons, en particulier :

  • parce que la promesse de la parentalité BPR, au moins sous-entendue, c'est la vie sereine, joyeuse et douce. Et des étapes difficiles plus ou moins inévitables, ça fait tâche dans la vie sereine, joyeuse et douce. Alors pour que la promesse soit belle, on efface ce qui pourrait faire tache, si on dit que ça n'existe pas, que c'est des « ratés » alors on peut continuer de promettre que ça sera beau quand tu auras réussi.

  • parce qu'en France la psychologie est polluée par la psychanalyse. Vous ne voyez pas le rapport ? Le rapport est que beaucoup de petits et grands militants pour la parentalité BPR ont remarqué que des « psys » affirmaient comme des faits établis des éléments douteux voir dangereux issus de la psychanalyse. Cette situation participe à créer un doute, une délégitimation de la psychologie et de tout ce qu'elle nous dit. C'est dommage, délétère et dangereux. C'est jeter le bébé avec l'eau du bain, mais on peut comprendre pourquoi ce genre de discours peut séduire. Malheureusement. La solution à ça c'est la promotion de la psychologie scientifique, pas le rejet de toute information générale sur le développement psycho-affectif de l'enfant.

  • parce que on a observé que dire « c'est de l'opposition » est une façon facile et confortable d'éviter de se demander si la demande de l'opposant est légitime ou non. Oui il n'y a pas que des mauvaises raisons à ce rejet des phases d’opposition et de l'idée même d'opposition d'ailleurs parfois. Cet article de Sandrine Donzel qui parle des ados l'explique bien. Oui dire « c'est sa crise d'adolescence » ou son terrible Two c'est parfois une réponse facile et confortable qui évite de se demander ce que l'enfant est en train de dire, de demander, qui évite de le prendre au sérieux. Et oui avoir une solution simple pour éviter de prendre au sérieux un enfant et ses demandes, ça mène souvent à de la violence éducative ordinaire. Mais effectivement, rejeter purement et simplement l'idée même d'une opposition est une mauvaise solution à ça. Il est bien plus utile de se demander : quelle part de ce que dit mon enfant est légitime ou pas ?

 

Je veux aussi revenir sur « Le parent BPR serait-il trop fragile et sensible ? » qui pour moi, pointe indirectement un gros problème de beaucoup de groupes de parents, de militants et de pros (BPR ou pas d'ailleurs) : le manque de confiance dans les parents.

Ce n'est pas un point spécifique à la parentalité BPR, c'est aussi quelque chose qui existe en parentalité « traditionnelle ». Les uns comme les autres vont présenter les choses de façon univoque, sans nuance, et de façon idéalisée et ils vont le faire par manque de confiance en les parents. Dans les deux cas, c'est la peur que les parents « sortent du dogme » qui va amener ça, qu'ils sortent du dogme parce qu'ils sont « pas assez » (encore …)

D'un coté, on va avoir des idées comme  « il ne faut pas dire aux parents qu'ils peuvent changer d'avis quand ils ont dit non, sinon ils vont céder tout le temps et les enfants vont manquer de cadre et de repère ».

De l'autre on va entendre « il ne faut pas dire aux parents qu'il y a des périodes difficiles sinon ils vont continuer à donner des fessées ! ».

Et si on faisait confiance aux parents ?

es parents sont tout à fait capables d'entendre un discours nuancé, les parents sont capables de trouver leur propre équilibre, les parents ne sont ni des « laxistes cachés » qui vont saisir la moindre faille dans votre discours pour laisser « tout faire » à leurs enfants, ni des « dictateurs cachés » qui vont saisir la moindre faille dans votre discours pour contrôler et continuer à faire violence à leurs enfants.

Je veux dire aux parents : ayez confiance en vous. Vous saurez très bien voir quand vous vous sentirez bien, quand vos enfants seront biens, dans votre vie de famille. Et méfiez vous des discours qui vous font croire « qu'en dehors de ça point de salut ».

La réussite de l’enfant est-elle vraiment sienne?

C’est quelque chose qui m’horripile de plus en plus sur l’InstaGame maternel : s’attribuer la réussite des enfants. Quoique l’enfant accomplisse, c’est grâce à l’accompagnement respectueux de ses parents. Il mange de la boue ? C’est parce qu’on lui laisse explorer, c’est merveilleux, il est si curieux le chérubin ! Elle marche à 9 mois ? C’est parce que depuis le départ on pratique la motricité libre, on a un lit au sol, une barre de brachiation, sans oublier les sacro-saints chaussons en cuir souple (spolier alert : la bipèdie est dans notre programme génétique). Arrive la diversification et bébé mange de tout sans problème ? C’est grâce à l’allaitement, si si, le goût des aliments passe dans le lait maternel. Et puis on a fait la DME aussi, très important. Junior se fait des camarades de classe à tour de bras ? C’est parce qu’il a une base affective solide : allaitement, maternage, portage, cododo… on a toujours été là pour lui, il sait qu’il peut explorer le monde et revenir à sa base affective quand il veut.

Bref. Tu vois l’idée ? L’enfant est dépossédé de toutes ses évolutions, même innées, au profit de son parent qui semble nourrir son égo grâce au dogme BPR.


Ça m'énerve aussi. Mais je me permettrai de dire que ça n'est absolument pas réservé à la parentalité BPR.

La croyance que les parents sont à féliciter pour ce que fait l'enfant est très ancré dans la société. Les regards de travers quand votre enfant ne se comporte pas « bien », les expressions comme « il est bien élevé » sont là pour le prouver chaque jour.

Beaucoup de parents traditionnels vont faire de même : si leur enfant a cessé de taper son frère c'est bien sur grâce aux fessées qu'il a reçu quand il le faisait (et non pas parce qu'il a mûri et trouvé d'autres façons de gérer les conflits), si leur enfant réussit à l'école c'est parce que les parents le cadrent et récompensent les bonnes notes (et non pas parce que ça l'intéresse et qu'il comprend bien) etc, etc …

Je serais bien incapable de dire d'où ça vient, mais c'est à mon avis un dogme très présent dans la société toute entière : quand un enfant fait quelque chose de bien : c'est grâce à ses parents qui ont été de bons parents.

La parentalité BPR s'est contenté de recycler ce dogme à sa façon en reformulant le « quelque chose de bien » et le « bons parents » et je trouve injuste de lui reprocher spécifiquement ce point qui n'est pas spécifique du tout je pense. Peut-être que c'est plus visible sur l'IsntaGame maternel BPR qu'ailleurs mais c'est présent partout, d'autant plus que les parents ont réfléchis à leurs choix éducatifs (ce qui n'est pas réservé non plus aux parents BPR).

Une forme du syndrome de Peter Pan ?

Une autre chose qui m’interroge fortement dans ce dogme divisé en plusieurs mouvances (bien qu’elles essaient chacune de dire qu’elles ne sont pas comme les autres) c’est la place du parent. Chez certaines influenceuses parentalités on observe une forme de syndrome de Peter Pan revendiqué au nom de leur enfant intérieur et de leur âme d’enfant. Le parent respectueux, bienveillant, positif accompagne avant tout. On vous dira qu’il pose un cadre. On clamera que BIEN SÛR qu’il faut un cadre et des limites. Mais en creusant sur comment sont posées les limites, on se rend vite compte qu’en fait, elles sont très floues : ne pas dire non, ne pas exclure, ne pas punir, ne pas regarder l’enfant d’un œil censeur. Parler. Parler. Parler. Sans tenir compte des capacités cognitives des enfants à comprendre la diatribe verbale parentale…


Je vais ici retenir un point essentiel pour moi, oui l'injonction à «  ne pas dire non, ne pas exclure, ne pas punir, ne pas regarder l’enfant d’un œil censeur. Parler. Parler. Parler. » existe. Elle est même très forte. Et c'est un gros problème. Une source de souffrance importante pour beaucoup de parents et de familles.

Ne pas dire non ? Et pourquoi ? Non est aussi une réponse respectueuse. Il n'est pas interdit d'imposer, quoi qu'on veuille vous faire croire.

Ne pas regarder son enfant d'un œil censeur ? On m'a une fois accusé de banaliser la violence (avec renvoi à une étude « qui prouve que », il faudra que je raconte ça en détail un jour) parce que j'avais dit que quelque chose comme « parler d'un ton ferme et énervé n'est pas interdit et humainement normal ». On m'a affirmé que l'enfant souffre exactement comme si on le frappe si on le gronde. Alors vous ne voulez pas le faire souffrir hein ? Hein ? … Pourtant, si on ne vit pas dans un idéal fantasmé mais dans la réalité : ne jamais parler d'un ton énervé et sec n'est ni possible ni souhaitable. Quand on est énervé, une seule chose est sure on est énervé. Et ce n'est pas un problème que l'enfant s'en rende compte.

Le parent bienveillant, positif, respectueux n’est pas supérieur, il est égal. Il est l’égal de son enfant de 6, 12, 18, 20 mois. Il est l’égal de son enfant de 2, 4, 6, 8, 10 ans.

Sur ce point, je trouve que la plupart des personnes qui font la promotion de la parentalité BPR ne sont soit pas clairs (consciemment ou non ?), soit paradoxales, soit utopistes et dangereux.

Croire que l'adulte et l'enfant sont complètement égaux est utopiste et dangereux.

Utiliser une façon de présenter les choses qui peut le faire croire, qui n'est pas claire, est aussi problématique.

A ce sujet, j'adhère au concept d'équidignité proposé par Jesper Juul que je pourrais résumer de la façon suivante : horizontalité, égalité sur la dignité humaine, et verticalité, inégalité sur la responsabilité.

Oui il est légitime que les adultes imposent des choses aux enfants, parce qu'ils sont adultes, et qu'ils sont plus responsables, raisonnables, expérimentés … Dire ou suggérer le contraire est un piège ou un mensonge.

Et d'ailleurs, comme elle dit plus tard en parlant du cerveau immature, quand on demande aux parents BPR de prendre en compte que l'enfant n'est pas capable de (insérer ici la méchante exigence de parent que vous préférez) et bien on reconnaît que les enfants ne sont pas des adultes !

Alors quoi il faut prendre en compte que ce sont des enfants pour accepter qu'ils crient, cassent, exigent de façon peu diplomatique, expérimentent …  mais pas pour accepter qu'ils ne peuvent pas gérer leurs émotions seuls, qu'ils ne peuvent pas comprendre vraiment ce qui est bon pour eux en terme de lavage de dents etc, ou qu'ils ne peuvent pas passer au dessus de leurs envies même s'ils ont compris ? Où est la logique ?

Là aussi la parentalité traditionnelle n'est pas logique non plus, avec finalement la position inverse : les enfants ne sont pas assez matures pour savoir qu'il faut se laver les dents mais ils sont assez matures pour ne pas « faire de bêtises » …

Non vraiment, pour moi ce qui amène de la clarté sur ce point est vraiment la question de l'équidignité qu'on pourrait formuler en disant « Qu'est ce qui relève de ma responsabilité d'adulte et qu'est ce qui relève de la liberté et de la dignité de l’enfant ? ».

Le parent bienveillant, positif, respectueux ne serait donc pas parent en fin de compte, mais revivrait à travers son enfant les différentes périodes de sa propre enfance, (…)


Bof. Je ne reconnais pas là quelque chose qui est défendu ni vécu par les parents. Ou alors je ne comprends pas ce que ça veut dire exactement.

(...) à l’exception près que c’est maintenant lui qui assure de mettre un toit sur la tête de tout le monde et de la nourriture dans chaque assiette. Mais hormis ce petit détail, le parent BPR est l’égal de son enfant. Parce qu’être l’adulte qui sait (objectivement mieux qu’un enfant dont le cerveau est immature, comme on nous le rabâche à longueur de dogme) c’est presque honteux. C’est de l’adultisme. Tu ne vas quand même pas empêcher ton bambin de manger de la boue parce que toi, adulte, tu sais que la terre est pleine de germes et que lui l’ignore. Interroge toi sur ce que ça vient déranger en toi de voir ton enfant manger de la boue. Est-ce que toi petit on t’a empêché de manger de la boue ? Et voilà.

J'aime cette expression « être l'adulte qui sait c'est presque honteux ».

J'aime aussi le fait qu'elle dénonce la question « Interroge toi sur ce que ça vient déranger en toi de voir ton enfant ... ». Cette question est pour moi un piège. Comme si tout venait de quelque chose de « cassé à l'intérieur de toi », comme si c'était toi qui était « mal réussi », mal … éduqué ? ;) Tes parents t'ont raté et du coup tu reproduis des mauvaises choses. Et ta responsabilité présente alors ? Et ta capacité à choisir ? Et tes connaissances actuelles ? Tes limites, tes choix, tes envies ?

Pourtant je crois que l'adultisme existe et je trouve intéressant d'y penser et de se poser la question de temps en temps. Mais pas en mode « si j'impose c'est mal » ni « si j'ai envie de dire non c'est que je suis abîmé·e à l'intérieur de moi », non plutôt de la façon suivante : est ce que JE trouve vraiment ça juste d'imposer ça ?

On en revient au parent et à sa propre enfance. Merci le dogme BPR d’entretenir le narcissisme parental !


Là aussi ça ne me parle pas vraiment. Oui parfois des parents sont trop incités à « guérir leur enfant intérieur ». Mais l'expression « narcissisme parental » me semble excessive et beaucoup trop agressive. Encore une fois, les parents qui souffrent n'ont pas besoin qu'on leur rajoute un nouveau problème auquel ils n'avaient jamais pensé, en l’occurrence celui d'être « narcissique sans le savoir ».

Je m’interroge

De plus en plus.

Et je n’ai évidemment pas de réponses.

Mais je suis heureuse d’avoir ouvert les yeux et sereine de m’éloigner de tout cet univers où l’enfant est devenu l’œuvre ultime des parents, avec un côté pygmalion “c’est moi qui l’ai fait” extrêmement dérangeant.

Je ne comprends pas bien sur quoi Madame Captain n'a « pas de réponse » ?

Pour le coté « l’œuvre ultime des parents » je pense que j'ai déjà répondu plus haut, ça existe et c'est un problème, mais selon moi ce n'est pas spécifique à la parentalité BPR, même si ça y est peut-être plus visible parce que les parents BPR qui communiquent sur Instagram et ailleurs sont des parents très très investis.

Je voudrais finir cet article en parlant du fait que la lecture de l'article de Madame Captain a causé chez de nombreux parents un inconfort important. Tout en comprenant les reproches que Madame Captain fait à la parentalité dite BPR, ces parents auraient aimés que cet article n'existe pas, ou ne soit pas écrit avec un ton aussi négatif. Pourquoi ?

Par exemple parce que ces parents vivent un rejet de leurs choix de la part de certains de leurs proches, et qu'ils pensent que si les dit proches tombent sur ce genre d'article ça va les conforter dans l'idée qu'ils ont raison.

Plus largement cet article peut déranger parce qu'il peut servir à argumenter contre la non-violence éducative. Alors on peut avoir envie de faire taire ces critiques, même quand on en partage une grande partie dans le fond.

Mais si on faisait confiance aux parents et à la société pour comprendre que les choses ne sont pas univoques ? Et si on arrêtait de refuser les critiques ?

Nous pouvons le faire. Nous devons le faire même je crois. Parce que si nous refusons les critiques, alors nous manquons peut être de confiance en la parentalité sans violence et en les parents. Parce que si nous refusons les critiques alors oui il est normal que certains parlent de « dogme ».

Il me tarde le jour où on ne parlera plus de parentalité positive, d'éducation bienveillante, d'accompagnement respectueux. Le jour où on parlera juste de parentalité, d'éducation, d'accompagnement.

Le jour surtout où on cessera de croire que les parents sont responsables de tout ce que fait et devient leur enfant, qu'ils sont coupables ou merveilleux selon si l'enfant « réussit » ou non quoi qu'on mette dans ce terme.

Il n'existe aucune méthode ou non-méthode éducative (ou non-éducative) qui vous garantisse des résultats, quel qu’ils soient. Ce qui vous disent le contraire mentent ou se trompent. Cela ne veut pas dire que tout est égal, mais qu'il est plus utile et efficace de regarder ce qui se passe ici et maintenant dans votre famille.

Publié le 04 mai 2020 par Dominique Vicassiau Coups De Gueule Et Coups De Cœurs


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